À propos de Viewing the Andes LLC

 

À travers les vidéos et photographies qui se dirigent vers les industries du tourisme et du bénévolat, les représentations exotiques et essentialistes des Andes sont malheureusement encore trop fréquentes (et, lamentablement, dans certains films visant des audiences mondiales). Les sphères cinématographiques de la Bolivie et du Pérou sont en effervescence, les réseaux filmiques circulent de façons dynamiques entre les frontières et les initiatives audiovisuelles qui appuient les efforts de justice sociale sont en développement continu. Ainsi, les vidéos et photographies brisent les stéréotypes et offrent des perspectives de plus en plus diversifiées. Voir les Andes à partir de la Bolivie et du Pérou est une expérience qui provient d’une riche histoire audiovisuelle fondée sur le cinéma, la vidéo, la photographie, et j’en passe. La pluralité, disponibilité et visibilité des savoirs et des expériences sont en augmentation constante. La justice sociale et culturelle prend plusieurs formes, et souvent, se produit à travers de multiples projets audiovisuels.

À travers cette pluralité, les Andes sont innovation et tradition. Elles sont aussi autonomisation, changements culturels, décolonisation et souveraineté. Par-dessus tout, ceux qui définissent les Andes sont les peuples qui les habitent et qui naviguent ses espaces – urbains, ruraux, et tous les espaces qui se trouvent entre les deux–, avec leurs espoirs, leurs rêves, leur travail, leurs familles, leurs communautés, leurs vies quotidiennes, et leurs luttes systémiques. C’est comme partout ailleurs, mais avec des caractéristiques propres et en évolution.

La mission de Viewing the Andes LLC est de collaborer avec des cinéastes, des chercheurs/chercheuses, et des ONGs afin de créer du matériel adapté aux différentes étapes, aux différents besoins de projets cinématographiques et audiovisuels qui défendent les changements sociaux et culturels que les andin.e.s désirent voir, et les histoires qu’ils et elles veulent faire connaître au reste du monde.

Histoire de l’initiative

Une décennie de travail dans les Andes, depuis Urubamba jusqu’à La Paz

Une décennie de voyages dans les Andes grâce à mon travail académique et avec des ONGs m’ont permis de connaître des cinéastes, des employé.e.s d’ONGs, et des chercheurs/chercheuses andin.e.s, et à apprendre toujours plus sur les procédés et objectifs de l’art du cinéma et d’autres projets audiovisuels, particulièrement en Bolivie et au Pérou. Je terminais à peine ma première année de Doctorat en Études Hispaniques lorsque j’ai voyagé vers les Andes pour la première fois. Ce voyage m’a menée à la maison que vous voyez ci-dessus, laquelle est située à Urubamba dans la Vallée Sacrée au Pérou, et qui servait de bureau central et de logement pour les employé.e.s, stagiaires, et bénévoles de l’ONG Nexos Voluntarios. À Urubamba, on m’a demandé de travailler avec les membres d’une coopérative d’artisan.e.s qui désiraient apprendre l’anglais afin de mieux pouvoir négocier avec les touristes. Pendant mes temps libres, j’ai pu voyager à Puno et à Taquile afin de compléter un projet de recherche sur la représentation des personnes andines dans le matériel de promotion dirigé vers l’industrie touristique. C’était le premier de plusieurs voyages, pendant lesquels j’ai pu connaître des cinéastes et des individus qui se servaient de projets audiovisuels afin d’appuyer les objectifs de leurs communautés et de leurs organisations.

Atelier d’écriture de scénario : Escuela Andina de Cinematografía de La Paz

En 2017, je me suis rendue à La Paz, où je me suis inscrite à un atelier d’écriture de scénario à l’Escuela Andina de Cinematografía (désormais une collaboration entre la Fundación Grupo Ukamau et la Cinemateca Boliviana), peu de temps après l’ouverture de l’école. J’ai complété un cours d’introduction à la langue Aymara de jour, et de soir j’allais à l’école cinématographique. Tout au long de ces semaines, j’ai pu rencontrer des cinéastes établis, et appris aux côtés de cinéastes émergeants ou qui aspiraient travailler dans la sphère cinématographique. Nous avons appris à écrire des scénarios narratifs et visuels pour des courts-métrages, avant de mettre nos nouvelles connaissances en pratique. Pendant ces quelques semaines, j’ai eu la chance de rencontrer les artistes avec lesquels je travaille encore aujourd’hui, et qui ont déclenché l’idée de créer Viewing the Andes LLC.

 Mener des recherches et écrire sur le cinéma et les initiatives audiovisuelles des Andes était intéressant, certes, mais le travail aux côtés de personnes et de communautés au Pérou, et éventuellement en Bolivie, est ce qui me motive le plus depuis mon premier voyage à Urubamba. Plus je partageais des conversations avec mes collègues, plus le temps passait, et plus je devenais convaincue que la recherche n’était qu’un outil parmi tant d’autres pour amplifier les projets de collaboration cinématographiques et audiovisuels des Andes, plutôt qu’une fin en soi qui servirait seulement à mon propre avancement professionnel. C’est alors que Viewing the Andes LLC a été fondé. L’espoir qui m’anime est que ces collaborations contribueront aux luttes pour la justice sociale et culturelle dans les Andes, tout en déclenchant un désir, chez les audiences mondiales des films et projets audiovisuels andins, d’apprendre à voir les Andes comme une amalgame d’espaces, de projets, et de peuples complexes, en constante évolution.

 

Expérience professionnelle et personnelle

Marie-Eve Monette

Jusqu’à maintenant, mon cheminement étudiant et professionnel m’a amenée à étudier et travailler en Bolivie, au Canada, en Angleterre, au Guatemala, au Maroc, en Espagne, et aux États-Unis ; à compléter un Doctorat en Études Hispaniques de l’Université McGill, à Montréal au Canada (aussi ma ville natale), en 2015; et à travailler en tant que professeure et chercheuse à l’Université de l’Alabama, à Tuscaloosa, aux États-Unis, jusqu’en mai 2019. Je suis maintenant propriétaire et directrice de Viewing the Andes LLC, et j’ai comme objectif de continuer à travailler avec des collègues andin.e.s, actuel.le.s et futur.e.s, pour plusieurs années encore.

J’ai grandi dans des espaces urbains pendant une grande partie de ma vie, mais je viens de la région de Montréal, au Canada, où nous nous trouvons tout près de grandes étendues de nature. J’y ai passé beaucoup de mon temps. Je suis aussi Québécoise (ou Canadienne-Française), ce qui signifie que je suis descendante de colonisateurs et de colonisé.e.s Bien que cette identité ne me permette pas de me comparer avec beaucoup d’autres, le fait qu’elle soit prise entre deux extrêmes – entre la ville et les montagnes, entre l’histoire colonisatrice et colonisée – m’a beaucoup aidé à développer une grande capacité à écouter les autres attentivement, et un désir sans fin de créer des ponts entre les gens et leurs histoires.